Il est des maisons dont on ne connaît pas toutes les pièces.           Il est des portes qu'il ne vaut mieux pas ouvrir.                    Il est des abîmes sans fond.                     Il est des esprits désertés par la raison.                          Il est des secrets qu'on ne soupçonne pas.                       Il est des énigmes sans solution.                    Il est des villes où l'on revient toujours...

AVEC :


EPISODE 2
INDISCIPLINE

guest-stars :

Shiri Appleby...Kathy Reed
Jason Behr...Benjamin
K Callan...Mrs Abercrombie
Harve Presnell...le doyen
John Shea...Alan Reed
Justin Theroux...l'homme aux lunettes
Et la participation exceptionnelle de:
Carl Reiner...commissaire Galloway
 

PROLOGUE - commissariat de Mosquito Bay (la nuit)

    Le commissariat est une petite bâtisse en bois à la sortie de la forêt. La salle principale est modestement meublée: deux bureaux en bois usé se faisant face, avec sur l'un une vieille machine à écrire, sur l'autre un ordinateur à peine plus récent. Camilla est assise face à un homme d'une soixantaine d'années au costume usé jusqu'à la corde qui suce une pastille à la menthe, très calme. Elle au contraire s'agite sur son siège et n'est pas du tout rassurée. Elle tient dans ses mains un gobelet en plastique rempli de café. Derrière le vieil homme se tient debout un jeune officier.

L GALLOWAY (le vieil homme): Bon, essayons de reprendre tout ça depuis le début, et calmement.
CAMILLA: Mais je vous ai déjà tout dit!
GALLOWAY: Vous reconnaîtrez que votre histoire est assez peu commune.
CAMILLA (se levant): Ecoutez, si vous ne voulez pas me croire, très bien! Je vais rentrer chez moi et me coucher. Peut-être que j'oublierai cette vision d'horreur, la plus effroyable qu'il m'ait été donné de voir;
GALLOWAY: Asseyez-vous, mademoiselle.
CAMILLA: Madame.
GALLOWAY: Si vous voulez...Personne n'a prétendu ne pas vous croire.
CAMILLA: Qu'allez-vous faire alors?
GALLOWAY: Tout d'abord je vais vous relire votre déposition. Si elle vous satisfait, vous pourrez la signer. Ensuite j'enverrai l'un de mes hommes faire une petite enquête dans le voisinage. Et si ça ne suffit pas, nous irons explorer la forêt avec quelques chiens.
CAMILLA: Vous ne voulez même pas dresser un portrait-robot?
GALLOWAY: Madame Rhodes, je vous rappelle que l'homme que vous avez vu ou cru voir...
CAMILLA: Que j'ai vu!
GALLOWAY: ...que vous avez vu...se promenait sans aucun vêtement dans la forêt en plein mois de novembre alors qu'il faisait moins cinq au minimum! Ce n'est donc pas un fugitif que nous allons rechercher, mais un cadavre.
CAMILLA (plus doucement): Bon...très bien. Il est vrai que s'il n'avait pas bondi devant ma voiture avant de s'enfuir à grandes enjambées, je l'aurais moi aussi pris pour un cadavre.
GALLOWAY (intrigué): Que voulez-vous dire?
CAMILLA: Vous n'avez pas l'air de comprendre à quel point c'était traumatisant, commissaire. Je vous le répète, il restait tellement peu de peau pour recouvrir ce pauvre homme que ses os saillaient comme des silex! Et les muscles avaient totalement déserté ses jambes!
Pendant ces derniers mots on revoit la scène que décrit Camilla.
GALLOWAY: Ca ne veut pas dire que je ne vous crois pas, mais ce que vous avez vu est totalement impensable.
CAMILLA: Je sais, oui. On aurait dit un fantôme du passé, à vrai dire une silhouette comme on en voit dans les documentaires sur les camps de concentration. Mais je suis sûre de ce que j'ai vu. Vous l'avez vous même constaté, je
n'ai aucune trace d'alcool ou de substance illicite dans le sang. Pourtant j'aurais préféré avoir affaire à une hallucination, croyez le bien.
Au moment où Camilla prononce le mot d'hallucination, nous revoyons le visage énigmatique et imperturbable de l'homme
à lunettes qui justement hante l'esprit de Camilla. Celle-ci semble tout d'un coup décontenancée, consciente qu'elle se contredit elle-même. Galloway, perspicace, a remarqué le changement de son attitude.
GALLOWAY: Quelquechose ne va pas?
CAMILLA: Non, c'est juste que...je tombe de sommeil. Si vous le voulez bien, j'aimerais signer ma déposition et rentrer chez moi.
GALLOWAY: Faites, je vous en prie. Vous n'avez besoin de personne pour vous raccompagner?
CAMILLA: Non, merci bien. Ma voiture a été amochée mais a supporté le choc.
GALLOWAY: Votre voiture,peut-être...mais vous?
CAMILLA: Ca va aller, ne vous inquiétez pas. Je serai quand même plus tranquille quand vous m'aurez donné des nouvelles.
GALLOWAY: Je vous tiendrai au courant si j'apprends quoi que ce soit.
CAMILLA (qui a signé sa déposition): Merci, commissaire. Vous savez où me joindre.
GALLOWAY: Canal 9, oui oui, je sais. Au revoir madame.
CAMILLA: Au revoir.
Camilla sort du commissariat. Galloway reste seul avec le jeune officier. Il reprend une pastille à la menthe qu'il suce bruyamment en relisant la déposition. Il s'adresse au jeune officier tout en lisant.
GALLOWAY: Alors, tu y crois, toi, à ce qu'elle raconte?
JEUNE OFFICIER: Pas vous, commissaire?
GALLOWAY: Je n'en sais rien. Cette femme a quelque chose d'intrigant dans le regard. Elle est sur ses gardes, et je suis sûr que ça ne date pas de cette nuit.
JEUNE OFFICIER: Vous pensez qu'elle a rêvé?
GALLOWAY: Je n'en sais rien. Mais je ne serais pas étonné qu'on ne retrouve aucune trace de ce cadavre ambulant. Pas
étonné du tout.
JEUNE OFFICIER: Qu'est-ce que vous comptez faire, alors?
GALLOWAY: Demain nous irons jeter un coup d'oeil dans cette satanée forêt, histoire de nous donner bonne conscience. Si
nous ne trouvons rien de suspect, je mets cette déposition aux oubliettes. Ce n'est pas la semaine de mon départ en
retraite que l'affaire du siècle me tombera dessus.
Devant le commissariat, Camilla entre dans sa voiture et met le contact. Le moteur commence à ronfler.
CAMILLA: Mon dieu, est-ce que je deviens folle?... Non, je n'ai pas rêvé. C'est impossible!
La voiture s'enfonce dans l'obscurité, vers la forêt. Tandis que le générique commence...

SCENE 1: bureau de Travis, quelques jours plus tard

Travis est debout et regarde par la fenêtre. Il semble furieux. En face de son bureau sont assis Parker et Timothy. Elle semble penaude, tandis que Timothy a du mal à cacher son énervement.
PARKER: Chef, laissez-moi vous expliquer...
TRAVIS (la coupant): Taisez-vous, Parker! Vous vous êtes assez donnée en spectacle pour ça! Si vous croyez que personne n'a vu clair dans votre petit jeu imbécile!
TIMOTHY: Beauchamp, vous savez très bien que c'est moi qui suis venu la trouver. Elle n'a voulu que m'aider et en
aucun cas vous nuire.
TRAVIS: La ferme, petit morveux! Ce que je vois, c'est qu'il vous a été plus que facile de la convaincre. Il a fallu quelques heures tout au plus. Et il n'est pas très difficile de deviner comment vous vous y êtes pris. Je croyais pourtant avoir été très clair l'autre jour: vous ne m'intéressez en aucune façon, monsieur Baldwin, et mon entreprise n'a pas besoin de vous pour mieux se porter! C'est d'ailleurs valable pour vous aussi, Parker.
TIMOTHY: Ce qui veut dire?
TRAVIS: Ce qui veut dire que je ne vais pas vous virer pour la simple et bonne raison que je ne vous ai jamais engagé.
(Il se tourne vers Parker:)Par contre, c'est un plaisir dont je ne compte pas me priver en ce qui vous concerne.
PARKER: Vous me virez?
TRAVIS: Est-elle perspicace!
PARKER: Mais vous êtes infect! Ca fait trois ans que je travaille pour vous et c'est la première erreur que je commets!
TRAVIS: Justement, ça fait trois ans que je ne peux pas vous voir en peinture et je suis ravi d'avoir enfin l'occasion de vous foutre à la porte. Débarrassez-moi le plancher, tous les deux!
PARKER (s'avançant vers lui, hors d'elle):Je vous préviens que vous allez me le payer très cher! Je vais vous foutre au cul un procès pour harcèlement sexuel, ce qui n'étonnera personne au vu de votre réputation de chaud lapin!
TRAVIS: Où vous croyez-vous, miss Boop? Dans "Melrose Place"? Pour votre gouverne, si en effet tout le monde sait que je m'autorise quelques frasques extra-conjugales, encore plus de gens n'ignorent pas que vous auriez fait nimporte quoi pour passer sous mon bureau.
TIMOTHY: Vous êtes une belle ordure. Viens, Parker. On se barre!
TRAVIS: C'est ça, du vent!
Parker et Timothy partent en claquant la porte. Travis s'installe dans son fauteuil et sort d'un de ses tiroirs un superbe cigare qu'il commence à fumer avec délectation, en riant de toutes ses dents blanches.
TRAVIS: Les imbéciles!
A ce moment entre Alan Reed, l'associé de Travis. Il a à la main quelques feuilles de papier et semble très excité.
ALAN: Travis, les derniers chiffres de l'audimat viennent d'arriver.
TRAVIS: Et alors?
ALAN: Alors on a réalisé le meilleur chiffre de notre histoire la semaine dernière!
TRAVIS (ravi): Non, c'est vrai?
ALAN: Oui, et tu sais pour quoi c'était?
TRAVIS: Dis-moi.
ALAN: Pour la météo! Une stupide rubrique météo!!
TRAVIS (lui prenant la feuille des mains,soudain soucieux): Fais-moi voir ça.

SCENE 2: une rue dans Mosquito Bay

Parker marche à vive allure. Timothy essaie tant bien que mal de la suivre.
PARKER (des larmes de rage au bord des yeux): Cet homme est un pourri! Je lui ai donné trois ans de ma vie et jamais il
n'a voulu me confier autre chose que la météo!Et maintenant il me vire comme une syphilitique!
TIMOTHY: Ne t'inquiète pas! On va trouver un moyen pour s'en sortir.
PARKER: Mais bien sûr! Tu crois pas que t'en as déjà assez fait comme ça? C'est à cause de toi que je me retrouve sans
boulot, je te le rappelle au passage.
TIMOTHY: Hé ho! Moi aussi je suis dans la merde!
PARKER: Il ne faut t'en prendre qu'à toi-même, mon pauvre! Tu t'es foutu dedans jusqu'au cou, sans l'aide de personne!
Par contre il ne fallait pas te sentir obligé de m'y entraîner.
TIMOTHY: Tu n'avais qu'à pas me faire confiance, après tout! Personne ne t'a forcé à jouer les hystéros de la barre chocolatée!
PARKER (vexée): C'était un rôle de composition.
TIMOTHY: En tout cas tes bons sentiments à mon égard n'auront pas fait long feu.
PARKER: Arrête, tu vas me faire chialer! Ce ne sera pas dur pour toi de trouver une autre bonne poire pour la sucer
jusqu'à la moëlle. Mais moi, je vais devenir quoi dans cette histoire?
TIMOTHY (la prenant par les épaules et la regardant dans les yeux): Parker, je suis désolé.
PARKER (se dégageant): Pas autant que moi.
Elle part. Timothy la regarde s'en aller en soupirant.

SCENE 3: crique de Mosquito Bay


Un soleil pâle essaie de percer à travers les nuages. Une fillette joue au cerf-volant sous l'oeil attentif de ses parents et de son basset. Diane et Scott se promènent sur la plage, en silence. Il entoure ses épaules d'un bras protecteur. Aucun n'ose parler. Scott se décide au bout de quelques secondes à rompre ce silence pesant.
SCOTT: C'est aujourd'hui le grand jour.
DIANE: Oui.
SCOTT: Tu as peur?
DIANE: Je n'ai jamais eu autant la trouille de toute ma vie.
SCOTT: Tu m'en veux?
DIANE: Oui.
SCOTT: Moi aussi je m'en veux.
DIANE: Pourtant tu n'y es pour rien. C'est moi qui ai eu l'idée de ce rendez-vous, moi seule. Je suis vraiment inconsciente.
SCOTT: On n'est pas raisonnable quand on est amoureux.
DIANE: Mais je suis raisonnable!
SCOTT: Dois-je comprendre que tu n'es pas amoureuse?
DIANE: Scott...je suis trop en colère contre moi-même pour savoir ce que je ressens.
SCOTT (la prenant dans ses bras): Moi je t'aime encore plus chaque jour, Diane! J'ai besoin de toi, de tes yeux, de nos
deux corps enlacés! Tu me manques, on ne s'est pas revus depuis cette nuit, tu me manques trop! Je suis prêt à tout
pour toi; si tu veux refaire ta vie ailleurs je suis prêt à te suivre sans hésiter un seul instant!
Il l'embrasse avec passion. Diane se laisse faire. Une fois leur baiser échangé, elle le regarde tristement, ne sachant que lui dire.
SCOTT: Tu ne dis rien...
DIANE: Ca aurait pu être une belle histoire, Scott. Tu es si mignon.
SCOTT: Tu ne vas pas me quitter maintenant, Diane? Pas maintenant, au moment où nous n'avons jamais eu autant besoin de nous soutenir!
DIANE: Il faut bien que l'un d'entre nous se décide à le faire. Tu sais aussi bien que moi que ça n'aurait pas pu durer bien longtemps.
SCOTT: Pourquoi tu nous fais tant de mal? Tu ne crois pas que cette épreuve est suffisamment dure à traverser?
DIANE: Ecoute-moi: toi et moi savons que nous n'avons aucune chance de nous en sortir. Je serai renvoyée et toi aussi probablement. Je ne pourrai pas rester dans cette ville avec la réputation qu'on est en train de me créer. Je vais partir, Scott. Loin d'ici, loin de toi. Tu resteras un bon souvenir, un très bon souvenir. Mais tu resteras aussi celui qui aura été, en partie du moins, la cause de ma chute.
SCOTT (pleurant): Diane, ne dis pas ça s'il te plaît! Je t'aime comme un perdu. Ne dis pas que j'ai causé ta perte!
DIANE (l'embrassant): La vie est toujours plus dure que ce qu'on croit.
SCOTT: C'est toi qui la rends dure! Pour moi tout est très simple: je t'aime et je veux rester près de toi.
DIANE (le regardant intensément): On n'est pas raisonnable quand on est amoureux. Oublie-moi, Scott. Cela vaut mieux pour nous deux.
Elle s'éloigne tristement. Scott veut la suivre, mais elle hoche la tête négativement, tendrement. Scott reste seul. Il prend un bâton par terre et avec violence le jette au loin, vers la mer. Le basset de tout à l'heure, à quelques dizaines de mètres de lui, a vu le mouvement et se rue vers la mer pour récupérer le bâton. La fillette se met à crier en pleurant. Scott se met à courir aussi vite qu'il le peut, en direction opposée de Diane, et finit par s'écrouler sur le sable. Il est essoufflé et il pleure. Diane continue de marcher lentement. Elle se retourne et voit que Scott n'est plus là.Elle non plus ne peut contenir
ses larmes.

SCENE 4: hôpital Bettany Cross

C'est la visite traditionnelle du matin aux urgences de l'hôpital. Toujours le même cortège habituel: infirmières, internes et externes entourant Nathan, qui semble dans une humeur plus que massacrante. Il est justement en train d'engueuler un externe.
NATHAN: Non mais tu as vu le bordel incroyable qui règne dans ce chariot? Tu crois que les feuilles d'examen vont se
ranger toutes seules dans les dossiers, comme par enchantement? Je te rappelle que la médecine ce n'est pas de la magie mais un savoir-faire! Alors avant que je t'apprenne à pratiquer des ponctions lombaires tu vas me faire le plaisir d'apprendre à ranger un dossier médical! C'est clair?
EXTERNE 1: On ne peut plus clair! (bas, aux autres:) Non mais quelle mouche l'a piqué?
EXTERNE 2: Laisse tomber, ça fait trois jours qu'il est comme ça. Et dire qu'il nous a dit au début du stage qu'on n'était pas là pour sevir de boniches !
NATHAN (continuant): Non mais c'est pas possible! Qui a eu l'idée de ponctionner madame Kravitz sans contrôler ses
plaquettes?
INTERNE: Elle avait 220 000 plaquettes il y a deux jours...
NATHAN: Et alors? Elle aurait très bien pu n'en avoir que 50 000 aujourd'hui! Mais tu t'en contrefiches, ce n'est pas toi qui te serais retrouvé avec un procès au cul de toute façon!
INFIRMIERE: Docteur Brolin, vous commencez à dépasser les bornes! On sait que vous avez des problèmes en ce moment
mais ce n'est pas une raison pour que nous en subissions les conséquences.
NATHAN: J'aurais moins de problèmes si j'avais affaire à du personnel conscient de l'importance de sa mission! Allez
prendre un café, je suis sûr que vous n'attendez que ça. La visite reprend dans un quart d'heure.
INTERNE (gentiment): Ecoute, Nathan...
NATHAN (le coupant): J'ai dit dans un quart d'heure!
Résigné, l'interne s'éloigne, suivi du reste de l'équipe. Nathan reste seul et frappe un grand coup de pied dans le chariot. Puis il ouvre un classeur de prescriptions. Approche une secrétaire.
SECRETAIRE: Docteur Brolin...
NATHAN: Qu'y a-t-il?
SECRETAIRE: La crèche de l'hôpital vient d'appeler. Il semble que votre fils ait de la fièvre.
NATHAN: Il ne manquait plus que ça!
SECRETAIRE: Ils aimeraient que vous veniez.
NATHAN: Dites-leur que j'arrive.
La secrétaire repart.
NATHAN (à lui-même): Pourvu que ce ne soit rien de grave...Mon pauvre Charlie, il faut qu'on tienne le coup nous deux! Tu ne vas pas me lâcher toi aussi, hein? Pas comme ta garce de mère?
Il rigole doucement, mais le coeur n'y est pas. Un rire forcé et pathétique. Soudain, une voix onctueuse résonne derrière lui.
AMBER: Excusez-moi, je cherche le docteur Brolin.
NATHAN(se retournant): Encore? Tout le monde m'en veut aujourd'hui!
AMBER: Je viens de voir le directeur de l'hôpital, il m'a dit que vous pourriez me faire visiter les lieux. Je viens d'arriver et...
NATHAN: Ecoutez, mademoiselle, à ce jour je ne suis pas encore le gardien de ce musée. Alors si c'est le directeur
qui vous envoie, dites-lui que je n'ai vraiment pas de temps à perdre, à moins qu'il veuille effectuer la visite médicale à ma place.
AMBER: Mais enfin je ne connais personne ici et il faut bien que...
NATHAN: Oui, eh bien désolé mais j'ai des choses plus importantes à faire! Et en ce moment, l'accueil n'est vraiment pas ma tasse de thé!
AMBER: Je vois ça.
NATHAN: A plus tard!
Il part brusquement, ce qui laisse Amber sidérée.
AMBER: Je n'aurais pas pu rêver mieux comme accueil! Il faut que je reste calme et surtout que je ne me fasse pas remarquer.
VOIX de FEMME: Excusez-moi, vous cherchez quelque chose?
Amber se retourne et se retrouve face à Noleen.
AMBER: Oui, je viens d'arriver et je cherche mon service, mon vestiaire...en fait je suis complètement déboussolée!
NOLEEN: Si je peux vous être utile, j'en serais ravie. Vous débutez dans le métier, c'est ça?
AMBER: Pas vraiment, non.
NOLEEN: Ah? Vous semblez jeune pourtant. Je vais vous montrer le vestiaire des infirmières. Eh oui, il y en a un pour nous toutes. C'est assez scandaleux mais bon...
AMBER: Vous ne semblez pas comprendre. Je ne suis pas une nouvelle infirmière.
NOLEEN (étonnée): Ah? Je suis désolée. Mais alors à qui ai-je l'honneur?
AMBER: Je suis le docteur Sonia Wilder, nouveau chef du service de psychiatrie.
Noleen la regarde, interloquée. Elle ne trouve plus ses mots.

SCENE 5: bureau du doyen de Wheldon University

Le doyen est en train de lire un manuel de cuisine japonaise, écrit en japonais. Il semble très concentré. Une secrétaire fait irruption dans son bureau.
SECRETAIRE: Monsieur le doyen ,monsieur le doyen! Travis Beauchamp est dans la salle d'attente et il souhaiterait vous parler!
DOYEN: Tiens donc! Voilà qui ne m'étonne guère. Eh bien ,faites-le entrer!
Peu après arrive Travis, qui adresse à la secrétaire un sourire séducteur et carnassier. Celle-ci semble aux anges. Elle referme la porte, laissant seuls Travis et le doyen.
TRAVIS: Bonjour, mon cher.
DOYEN: Monsieur Beauchamp! Vous me voyez surpris.
TRAVIS: Ne me dites pas que vous ne vous attendiez pas à une petite visite de ma part alors que le conseil de discipline de mon fils a lieu cet après-midi.
DOYEN: Je ne suis pas surpris de votre visite mais plutôt du fait qu'elle intervienne aussi tard.
TRAVIS: Eh bien...disons que j'ai longuement réfléchi à la situation et au moyen qui permettrait de la débloquer.
DOYEN: Et comme vous êtes intelligent, je suis sûr que vous avez trouvé ce moyen.
TRAVIS: Evidemment.
DOYEN: Et quel est-il?
TRAVIS: Mon cher, je n'irai pas par quatre chemins. Je veux que mon fils finisse sa scolarité sans encombre, et je suis
prêt à tout pour cela.
DOYEN: Désolé, mais pour que votre Scott n'ait plus de tels agissements à l'avenir, il faudrait transformer l'université en monastère. Et je crains que ce soit au-dessus de mes moyens.
TRAVIS: Pas des miens, rassurez-vous. Mais ce que je vous propose est plus simple à mettre en oeuvre. Je crois que
nous pouvons trouver un terrain d'entente.
DOYEN: Un compromis?
TRAVIS: Appelez ça comme vous voulez.
DOYEN: Je vous écoute.
TRAVIS: Mon fils a commis une énorme bourde, nous sommes d'accord là-dessus. Un écart de conduite impardonnable.
Mais il me semble quand même que la personne la plus condamnable soit cette Diane Vercel, qui n'a pas hésité à
entretenir une relation pédophile pour assouvir ses fantasmes. Je ne vois pas pourquoi mon fils serait renvoyé à cause d'elle.
DOYEN: Premièrement, mademoiselle Vercel passera elle aussi devant un conseil de professeurs cet après-midi. Je ne
pense pas que son sort soit plus enviable que celui de votre fils, loin de là. Et si vous me demandez de ne pas
effectuer un traitement de faveur envers elle, je ne vois pas pourquoi je devrais le faire pour Scott.
TRAVIS: Peut-être parce que vous avez plus à y gagner.
DOYEN: Voyez-vous ça!
TRAVIS: Ne jouez pas les ingénus avec moi, ça ne marche pas. Vous savez très bien, et je sais moi aussi, que les finances de l'Université ne sont pas au beau fixe. Le projet de construction d'un amphithéâtre en plein air a même carrément été abandonné lors du dernier vote du budget. Or, je crois savoir que ce projet vous tenait particulièrement à coeur.
DOYEN: Vous ne vous trompez pas. Mais en quoi cela concerne-t-il notre affaire?
TRAVIS: Réfléchissez un peu. Avec un peu d'argent on arrive à tout. Même à bâtir des amphithéâtres au milieu d'une
pelouse. Et pourquoi pas une salle de cinéma pour les étudiants?
DOYEN: Monsieur Beauchamp, vous me voyez ravi d'une telle sollicitude. Sachez que vos donations me vont toujours
droit au coeur. C'est une telle générosité de votre part! Les actes désintéressés sont toujours les plus beaux.
TRAVIS: Vous n'êtes vraiment pas drôle.
DOYEN: Et que devrais-je faire en échange? M'arranger pour que votre fils ne soit pas inquiété?
TRAVIS: Parfaitement.
DOYEN: Et éloigner cette Vercel le plus loin possible?
TRAVIS: Accessoirement, oui. Il me semble que ce serait fort judicieux.
DOYEN (soudain sévère et sûr de lui): N'y comptez pas un seul instant!
TRAVIS: Allons, soyez raisonnable.
DOYEN: Vous êtes sourd ou quoi? Il est hors de question que je prenne part à toutes vos petites magouilles! Je refuse
de me compromettre avec vous, vous m'entendez? Je ne suis pas à vendre!
TRAVIS: Vous, non. Mais pensez un peu à votre établissement et au déclin qu'il est en train de vivre.
DOYEN: Si mon établissement ne vous plaît pas, je ne vois pas pourquoi vous tenez tant à ce que votre fils y reste!
TRAVIS: Assez plaisanté! Je vous conseille plus que fortement d'accepter mon offre plus que généreuse, sinon je vous assure qu'il n'y aura personne pour vous tendre la main quand l'Université tombera en ruines. Je suis très influent dans la région, vous savez.
DOYEN: Du chantage à présent? Je trouve votre conduite odieuse. Pas étonnant que votre fils ait atteint un tel
niveau de dépravation. Il ne vaut guère mieux que vous.
TRAVIS: Ne me mettez pas à bout!
DOYEN: Dans ce cas je vous conseille de sortir.
TRAVIS: Très bien, mais vous avez encore quelques heures pour changer d'avis.
DOYEN: N'y comptez pas trop. Votre fils est venu me narguer sous mon toit, il faut qu'il en accepte les conséquences.
TRAVIS: Conséquences qui seront très fâcheuses pour vous, je le crains.
DOYEN: A tout à l'heure, monsieur Beauchamp.
TRAVIS (avant de sortir): Je n'ai pas dit mon dernier mot!
Il sort, laissant un doyen amusé.
DOYEN: Il y a des fois où je m'étonne moi-même.
Il sort de son tiroir un manga de Nicky Larson. Il commence à le lire avec force rires gras.

SCENE 6: hôpital Bettany Cross

Nous retrouvons Noleen, toujours aussi stupéfaite.
AMBER: On dirait que vous avez vu un fantôme.
NOLEEN: Je suis désolée. C'est juste que je ne m'attendais pas à quelqu'un de si...
AMBER: De si jeune? De si féminin?
NOLEEN (riant): Un peu des deux à vrai dire.
AMBER: Ne vous inquiétez pas, j'ai l'habitude. Mais les gens changent rapidement d'avis sur moi, une fois qu'ils me
connaissent. Au fait, comment vous appelez-vous?
NOLEEN: Je suis Noleen Chapman, infirmière en chef du service de psychiatrie.
AMBER: Mais alors, ça veut dire que nous allons être amenées à travailler ensemble?
NOLEEN: Eh oui!
AMBER: Vous m'en voyez ravie. Si vous me faisiez visiter la maison?
NOLEEN: Avec plaisir! Suivez-moi, docteur Wilder.
AMBER: Je vous en prie, appelez-moi Amber.
Noleen est étonnée mais n'en laisse rien paraître. Amber, elle, ne s'est pas du tout rendue compte de l'impair qu'elle vient de commettre.

SCENE 7: manoir Beauchamp, chambre de Scott

Scott est allongé sur son lit et regarde fixement le plafond. Il s'est calmé depuis tout à l'heure mais ne semble pas moins triste pour autant. On frappe à la porte.
SCOTT: Entrez!
ADAM (qui entre): Je ne te dérange pas?
SCOTT: Non, c'est bon.
Adam s'assied sur le rebord du lit. Il regarde Scott avec une inquiétude fraternelle.
ADAM: Tu es sûr que ça ira tout à l'heure?
SCOTT: Ouais...Il faudra bien de toute façon.
ADAM: Tu as revu Diane? Tu as un peu discuté de tout ça avec elle?
Scott ne répond rien. Il se lève et regarde par la fenêtre. Vera est dehors, dans le jardin, son chien courant autour d'elle. Son rire en cascade monte jusqu'à la chambre.
SCOTT: Regarde maman. Elle déambule en robe de chambre dans le jardin, elle rit sans qu'on comprenne pourquoi. Demain elle pleurera sans plus de raison et fera tout un cirque pour ne pas quitter son lit. Elle me fait peur.
ADAM: Tu devrais essayer de la comprendre.
SCOTT: Justement, elle me fait peur parce que depuis aujourd'hui j'ai l'impression de la comprendre. Ca fait longtemps qu'elle a perdu l'amour de mon père, il ne faut pas se voiler la face. Si elle est dans cet état, c'est qu'elle l'a décidé. Elle a décidé de ne plus croire en la réalité.
ADAM: Tu penses vraiment qu'elle a voulu ce qui lui arrive? Tu crois qu'on est dépressif parce qu'on le choisit?
SCOTT: Quelquepart, oui.
ADAM: Si tu es viré de la fac, je ne te conseille pas de te recycler dans la psychologie.
SCOTT (criant presque): Arrête d'essayer de me prouver que tu la connais mieux que moi! Elle est ma mère, nous avons
le même sang! Tu ne peux pas te vanter de ce que tu ne possèdes pas. Tu lui montres peut-être mieux ton amour que
moi mais il existe entre elle et moi un lien que tu ne pourras jamais connaître.
ADAM (lui prenant fermement les épaules et l'obligeant à le regarder en face): Scott, dis-moi ce qui t'arrive! Tu
dissertes sur ta mère, tu me parles comme si j'étais le dernier des chiens. Je ne t'ai jamais vu dans un état pareil. C'est à cause de Diane, c'est ça?
SCOTT (doucement, détournant le regard): Elle m'a plaqué.
ADAM (le serrant dans ses bras): Je suis désolé.
SCOTT: Elle me quitte. Je n'ai plus rien, Adam. Tu te rends compte?
ADAM: Je suis là, moi.
SCOTT (pleurant): Merci. Tu es vraiment un frère, tu sais?

SCENE 8: forêt (Mosquito Bay)

Camilla gare sa voiture sur le bord d'un petit sentier. Elle descend et contemple la nature sauvage qui s'offre à elle: conifères, arbustes, quelques oiseaux qui passent sans s'arrêter. Puis elle sort un dictaphone de la poche de son manteau, vérifie qu'il fonctionne et s'engage sur le sentier. On remarque alors qu'il mène à une petite maison en bois qu'on dirait issue tout droit d'un conte de Grimm.
A l'intérieur de la maison, une vieille dame arrose ses plantes d'appartement avec beaucoup d'attention. Elle porte un tablier de jardinier et un grand chapeau de paille, comme si elle jardinait à l'extérieur. Elle fredonne un petit air. On frappe à sa porte. Elle stoppe son activité et attend qu'on ait frappé un deuxième coup pour crier: "J'arrive!". Elle marche dans la direction opposée à la porte d'entrée et ouvre une porte sur la gauche.
LA VIEILLE DAME: Richard, quelqu'un vient nous rendre visite. Reste bien dans cette pièce pour ne pas être dérangé. Je sais, je sais, il n'y a rien de plus horripilant que les visites à l'improviste.
Elle se dirige à présent vers la porte d'entrée.
LA VIEILLE DAME: Ne partez pas, j'arrive!
Elle ouvre la porte à Camilla.
CAMILLA: Mrs Abercrombie?
Mrs ABERCROMBIE: C'est bien moi. Que puis-je pour vous?
CAMILLA: Je m'appelle Camilla Rhodes, je suis journaliste à Canal 9. Je ne vous dérange pas, j'espère?
Mrs ABERCROMBIE: Pas du tout, j'étais en train de faire un peu de jardinage. A mon âge il est difficile de trouver des
occupations. Alors, vous venez écrire un article sur moi?
CAMILLA: Pas vraiment. En fait je travaille pour la télé, pas pour la presse écrite.
Mrs ABERCROMBIE (avec une mine de dégoût): Ah, la télévision! Elle ne nous aura amené que des ennuis, celle-là! Jamais un téléviseur n'a pénétré dans ma maison et il en sera ainsi jusqu'à ma mort. Mon vieux poste de radio me convient tout à fait!
Elle montre fièrement un vieux poste des années 50 sur un guéridon en bois à une Camilla qui ne semble pas à son aise.
CAMILLA: Vous voyez peut-être un inconvénient à discuter quelques instants avec moi...
Mrs ABERCROMBIE: Vous n'êtes pas venue pour me vendre un poste de télé ou pour installer le câble?
CAMILLA: Euh, non.
Mrs ABERCROMBIE (avec un grand sourire): Alors entrez!
Elle s'écarte de l'embrasure de la porte pour que Camilla puisse entrer.
Mrs ABERCROMBIE: Asseyez-vous donc dans un fauteuil, celui que vous voulez.
CAMILLA (s'asseyant): Merci. J'aimerais...
Mrs ABERCROMBIE (la coupant): Voulez-vous un cookie? Je viens d'en faire, ils doivent encore être tout chauds.
CAMILLA: Avec plaisir.
Mrs Abercrombie va dans sa cuisine tandis que Camilla observe le mobilier, fait de bric et de broc, peu entretenu. Il règne un joyeux désordre, on se croirait dans un magasin d'antiquités. La vieille dame revient avec un plateau de cookies et une bouteille de bordeaux.
Mrs ABERCROMBIE: Vous voulez un peu de vin avec vos cookies?
CAMILLA (étonnée que ce ne soit pas du lait qu'on lui propose): Non merci.
Mrs ABERCROMBIE: Ce n'est pas grave! Moi, je n'ai pas d'heure pour boire du bordeaux!
Elle boit à la bouteille sous l'air effaré de Camilla, qui essaie autant que possible de n'en rien faire paraître.
Mrs ABERCROMBIE: Alors, mon petit? En quoi puis-je vous être utile?
CAMILLA: En fait, je compte faire un reportage sur les cas de listériose survenus récemment et...
Mrs ABERCROMBIE: Ah non! Vous n'allez pas vous y mettre vous aussi! Vous voulez me faire porter le chapeau, c'est ça?
CAMILLA: Non, mrs Abercrombie. Je suis justement venue pour essayer de comprendre. Pourquoi l'opinion vous a-t-elle
rendue responsable de cette épidémie?
Mrs ABERCROMBIE: Parce qu'il leur fallait un bouc-émissaire tiens! Alors ils se sont déchaînés sur la vieille Abercrombie, qui adore le vin français et qui se fait livrer par sa vieille cousine du vrai camembert normand!
CAMILLA: Mais vous n'avez pourtant pas fait commerce de vos fromages?
Mrs ABERCROMBIE: Jamais! Il est réservé à ma consommation personnelle, madame. Sachez-le!...Il y a juste ce satané
garnement, le fils de l'attachée aux affaires sociales de la mairie!
CAMILLA: Je ne comprends pas.
Mrs ABERCROMBIE: Oh, c'est bien simple! Chaque mois cette péronnelle vient vérifier si mon habitation est salubre et
si je ne suis pas dans le besoin. Je suis un peu la clocharde de Mosquito Bay pour tous ces braves gens, même si j'ai un toit au-dessus de ma tête et si je ne manque de rien...Voyons, où en étais-je?
CAMILLA: Vous me parliez du fils de cette dame.
Mrs ABERCROMBIE: Ah oui! Donc un jour elle est venue avec son fils pour je ne sais plus quelle raison. La baby-sitter
devait être malade. Enfin bref, j'étais en train de savourer mes bons fromages qui venaient d'arriver de France
quand elle est arrivée pour m'importuner, flanquée de son moutard. Le mioche ne faisait que baver d'envie devant le
camembert, ce qui fait que je lui en ai proposé, à l'insu de sa mère bien évidemment.
CAMILLA: Et il est tombé malade?
Mrs ABERCROMBIE: Lui non, mais sa petite soeur oui. Ce garnement a eu la bonne idée de garder le morceau de fromage au fond de sa poche, jusqu'à obtenir un liquide bien crémeux qu'il a ensuite discrètement versé dans le biberon de sa soeur de deux mois. La pauvre petite a eu une méningite foudroyante, mais elle n'est pas morte. Deux jours après sa mère s'est pointée chez moi avec des docteurs pour me faire la leçon; le môme avait dû tout lui raconter. Pour tout le monde je suis devenue une vulgaire empoisonneuse.
CAMILLA: Quelle histoire!
Mrs ABERCROMBIE: Comme vous dites.
CAMILLA: Mais vous n'y étiez pour rien!
Mrs ABERCROMBIE: Sachez une chose, ma petite! Je suis depuis ma naissance considérée comme la plus grande ennemie
de l'Amérique. C'est comme ça, je n'y peux rien. Ils ont essayé de me rendre responsable de la mort de Kennedy, puis de me faire porter le chapeau suite à la raclée qu'ils ont pris chez les viets. Je vous le dis, ça n'arrête pas! Je suis sûre qu'un jour ils diront que j'ai orchestré de ma cabane les attentats du 11 septembre. Voyez-vous, mon attachement à la France n'arrange rien à l'affaire. L'amour de la France, ça ne peut me faire paraître qu'encore plus suspecte! Pourquoi royez-vous qu'ils n'ont pas donné l'oscar à Amélie Poulain?
CAMILLA: Ca doit être pour vous nuire...
Mrs ABERCROMBIE: Exactement! Vous êtes intelligente, vous au moins! Vous avez tout compris tout de suite! Vous voulez
un autre cookie?
CAMILLA (ayant hâte d'en finir): Non merci. Je dois y aller, je suis un peu pressée.
Mrs ABERCROMBIE: Alors? Vous parlerez de moi à la télé?
CAMILLA: Si vous m'y autorisez.
Mrs ABERCROMBIE: Bien sûr, allez-y! Mais pas un mot sur nos petits secrets! Le F.B.I serait capable de venir me faire la peau.
CAMILLA: Entendu. Au revoir, madame.
Mrs ABERCROMBIE: A bientôt, mon petit. N'hésitez pas à revenir, j'ai été ravie de converser avec vous.
CAMILLA (en pensée): Et moi donc!
Camilla sort et la porte se referme.
CAMILLA: J'ai vraiment perdu mon temps.
Elle reprend le chemin qui mène à sa voiture. Dans sa
maison, mrs Abercrombie ouvre à nouveau la porte sur la
gauche et parle à Richard.
Mrs ABERCROMBIE: Tu vois, Richard, ça n'a pas été très long. C'était une journaliste, mais elle ne s'est doutée de rien. Ne t'inquiète pas, on ne t'arrachera jamais à moi. Tu sais très bien pourquoi je veux que tu restes dans cette pièce pendant quelques jours: ton escapade de cette nuit aurait pu tout compromettre! J'espère que personne ne t'a vu.
La caméra se dirige vers la pièce en question; c'est en fait un escalier qui descend vers une cave plongée dans l'obscurité.
Mrs ABERCROMBIE: Je ne suis pas du tout contente , Richard!
Elle referme la porte, cette fois-ci en donnant un tour de clé. Puis elle retourne dans son salon en chantonnant.

SCENE 9: commissariat de Mosquito Bay

Le commissaire Galloway et son adjoint sont en train de ranger des cartons.
ADJOINT: Alors vous avez décidé de ne pas donner suite à cette affaire?
GALLOWAY: Il n'y a pas d'affaire, Benjamin. Juste une jeune femme à fleur de peau qui prétend avoir vu un homme nu
s'entraînant pour le marathon en pleine nuit.
BENJAMIN: Justement, il y a quelque chose qui cloche!
GALLOWAY: Ecoute, nous avons frappé aux portes et personne n'est au courant de rien. Les chiens ont bien reniflé
partout et aucune piste n'a abouti. Je ne donne pas suite à la déposition tout comme j'avais prévu de le faire si je ne
trouvais aucun élément.
BENJAMIN: Mais cette femme n'est pas folle, tout de même!
GALLOWAY: Dans ce cas tu ne l'as pas assez regardée. Sinon tu aurais remarqué qu'elle était assez distraite et interrompait régulièrement son discours en regardant dans le vague.
BENJAMIN: Et alors?
GALLOWAY: Les psychiatres appellent cela une attitude d'écoute. En terme moins éloquent, c'est ce qui caractérise les personnes étant victimes d'hallucinations visuelles ou auditives.
BENJAMIN: Votre sagacité va nous manquer, chef.
GALLOWAY: Arrête les compliments, tu te débrouilleras très bien sans moi!
BENJAMIN: Ca vous fait quel effet de commencer la retraite demain?
GALLOWAY: Un drôle d'effet.
BENJAMIN: Vous êtes triste?
GALLOWAY: Tu rigoles, j'espère? Ca fait si longtemps que j'ai envie de quitter ce trou à rats!
BENJAMIN: Et où comptez-vous aller?
GALLOWAY: Sur la terre de mes ancêtres, au bord du lac Michigan. Là où les gros poissons sont plus faciles à ferrer que dans nimporte quel bureau de police.
BENJAMIN: En tout cas vous allez beaucoup me manquer.
GALLOWAY (lui donnant une accolade amicale): C'est gentil, p'tit gars.

SCENE 10: hôpital Bettany Cross, bureau de Sonia Wilder

AMBER: Je n'en reviens pas, ce bureau est superbe!
NOLEEN: C'est normal pour un chef de service.
AMBER: Je sens que je vais me plaire ici!
NOLEEN: En tout cas comptez sur moi si vous avez besoin de quelque chose. Je sais qu'il est très dur de changer de ville, de quitter ses amis, sa famille. Ce que j'essaie de vous dire, c'est que vous aurez toujours une amie dans cet hôpital.
AMBER (émue): Noleen, je ne sais pas quoi dire...c'est très gentil à vous.
NOLEEN: Je pense aussi que c'est important d'avoir de bonnes relations de travail, dans l'intérêt des patients.
AMBER: Vous avez tout à fait raison.
NOLEEN: Est-ce que vous avez beaucoup d'expérience clinique?
AMBER: Pourquoi cette question?
NOLEEN: C'est juste que vous paraissez si jeune.
AMBER: Pour tout vous dire...c'est vrai que je suis un peu jeune dans le métier. Mais tous mes professeurs disaient
que j'étais la meilleure dans mon domaine.
NOLEEN (à part): Dommage. (haut):Et quel est votre domaine de prédilection?
AMBER (plus froide): La schizophrénie.
NOLEEN: Vous savez, ce n'est pas très répandu par chez nous.
AMBER: Oh, elle doit toucher 1 % de votre population, comme partout d'ailleurs.
NOLEEN: 1 %?? Mais c'est énorme!
AMBER (agacée): Si nous parlions d'autre chose?
NOLEEN (avec un clin d'oeil): De mecs?
AMBER: Eh bien, vous êtes directe vous au moins!
NOLEEN: Je vous ai choquée?
AMBER: Oh oui, très chère! Je suis scandalisée!
Elles rient comme deux lycéennes.
AMBER: En tout cas, les hommes du coin ont l'air d'être de vrais ours. Il y en a un qui m'a réservé un accueil des plus glaçants.
NOLEEN: Quelqu'un de l'hôpital?
AMBER: Oui, le docteur Brolin.
NOLEEN: Rassurez-vous, c'est quelqu'un d'adorable. Il traverse juste une mauvaise période: sa femme l'a jeté
comme une serviette usagée.
AMBER: Le pauvre!
NOLEEN: Eh oui! Un célibataire de plus! Un vrai canon, qui plus est!

SCENE 11: crèche de l'hôpital Bettany Cross

Nathan tient son bébé dans les bras et discute avec la responsable de la crèche.
NATHAN: Comment ça, vous ne pouvez pas garder mon fils?
RESPONSABLE: Docteur, vous savez très bien comment ça se passe dans une crèche. Charles a un début d'otite, nous ne
pouvons pas nous permettre de courir le risque qu'il contamine tous les bébés.
NATHAN: Je comprends, bien sûr. Mais qui va pouvoir garder Charles à domicile? J'ai énormément de travail en ce moment, et je n'ai pas le temps de chercher une nounou.
RESPONSABLE: Ne vous inquiétez pas, nous avons un réseau de nourrices pour les cas d'urgence comme le vôtre. On peut
vous dépanner pour quelques jours.
NATHAN: Ouf! Vous m'ôtez une sacrée épine du pied. (à son fils:) Ne t'inquiète pas, on va bien s'occuper de toi.
Il embrasse affectueusement le petit Charlie.

SCENE 12: salle de réunion, Wheldon University

La salle est un peu disposée comme un tribunal, avec devant le bureau du doyen, quelques sièges de part et d'autre de
son fauteuil. En face se trouvent trois rangées de bancs de part et d'autre de la pièce: à gauche sont assis Kathy, Adam, Scott et quelques-uns de leurs camarades. Travis est assis à côté de son fils, il a l'air sévère. A droite les bancs sont pratiquement vides, mis à part quelques professeurs venus épauler Diane.
ADAM: Ne t'inquiète pas, Scott. Tout va bien se passer.
SCOTT: Je n'en ai rien à foutre de toute façon!
KATHY (à Adam): Où est Joy?
ADAM: Je n'en ai aucune idée.
Diane entre dans la pièce. Tout le monde se retourne vers elle. Elle semble très calme, résignée. Scott se lève brusquement et veut aller à sa rencontre. Travis essaie de le retenir par le bras mais Scott se dégage et va vers Diane.
SCOTT: Diane!
Il veut la prendre dans ses bras mais elle ne se laisse pas faire.
DIANE: Lâche-moi, Scott! Je ne veux pas d'esclandre ici!
SCOTT: Alors dis-moi que tu m'aimes encore!
DIANE (à voix basse): Parle moins fort, je t'en prie. Tous mes amis sont là.
SCOTT: Et alors, les miens aussi! Même mon père a fait le déplacement. Mais moi je n'ai pas honte de dire que je t'aime comme un fou!
DIANE: Scott, ça suffit! On en a déjà parlé.
SCOTT: Mais tu ne comprends pas que notre amour est la seule chance qui nous reste?
DIANE: Je ne t'aime plus, Scott! Je ne suis même pas sûre de t'avoir aimé un jour. Alors laisse-moi passer, s'il te plaît! Tu me barres le passage.
Elle passe devant lui et va s'asseoir. Personne n'a manqué la scène. Scott va se rasseoir et son visage est fermé. Quelque chose semble avoir changé en lui.
TRAVIS (à Scott): Qu'est-ce que je t'avais dit?
Scott ne répond pas. Kathy et Adam le regardent d'un air gêné. Par la porte du fond entrent le doyen et quelques professeurs qui font partie du conseil de discipline. Parmi eux se trouve Nick Simmons. Tous vont s'asseoir derrière le
bureau du doyen, tels des juges dans une salle d'audience.
TRAVIS (pour lui-même): On va vite voir si ce vieux réac' raide comme la justice tient un tant soit peu au prestige et à la renommée de son université.
DOYEN: Mesdames messieurs, je vous ai réunis ici pour statuer sur le cas de mademoiselle Vercel et du jeune Beauchamp, respectivement professeur de littérature francophone et élève de seconde année de la section "économie" au sein de cette université. Vous savez tous, ou presque, le scandale qui éclabousse ces jours-ci notre établissement. Mademoiselle Vercel et Scott Beauchamp entretenaient secrètement une liaison, liaison qui a été révélée au grand jour quand je les ai surpris en plein acte sexuel sur la table de billard de mon propre salon.
Nick ne peut s'empêcher d'étouffer un petit rire. Le doyen le regarde d'un air sévère. Scott et Diane sont pâles comme la mort.
DOYEN: Ce qui s'est passé est tout simplement inadmissible. Non seulement un professeur ne doit en aucun cas dévoyer
ses élèves, mais en plus le détournement de mineurs est strictement interdit par la loi. Or, le cas présent est plus complexe. En effet, monsieur Beauchamp est bien connu dans l'établissement pour son tempérament fougueux et il est déjà passé devant le même conseil pour les mêmes motifs, sauf que l'objet de son désir était une étudiante et non un professeur. Nous écouterons donc tour à tour les deux accusés, mais je vous invite à ne pas faire preuve de clémence envers Scott Beauchamp sous prétexte qu'il est le mineur dans l'histoire. Il est aussi, voire plus responsable que Diane Vercel dans cette histoire, car il avait beaucoup beaucoup moins à perdre qu'elle.
TRAVIS: Excusez-moi, je ne comprends pas très bien. Etes-vous juge ou procureur, monsieur le doyen? Il me semble que
vous prenez parti un peu hâtivement dans cette affaire.
DOYEN (sèchement): Monsieur Beauchamp, sachez qu'un conseil de discipline n'a pas vocation à être un tribunal et que
cela fait une semaine que je réfléchis sur ce dossier. Je ne considère donc pas mon jugement comme hâtif. Et les
récentes tentatives de corruption dont j'ai fait l'objet ne m'incitent pas à changer d'avis.
SCOTT (bas, à son père): Comment as-tu osé?
TRAVIS (idem): Tais-toi, imbécile! J'ai fait tout cela pour toi, et ce n'est pas la première fois que j'ai dû en arriver là pour te sortir du pétrin.
SCOTT (idem): Quel père exemplaire!
DOYEN: Nous allons commencer par entendre mademoiselle Diane Vercel.
Diane se lève et avance sans un mot vers ses juges, sans un regard pour Scott, qui lui la suit intensément des yeux.

SCENE 13: appartement de Nick et Timothy

Timothy, en survêtement,est en train de faire ses valises.
TIMOTHY: De toute façon, ça vaut mieux comme ça. Je suis déjà grillé dans cette ville, autant aller tenter ma chance
ailleurs.
On frappe à la porte. Timothy, intrigué, va ouvrir. Alan Reed pénètre dans l'appartement.
ALAN: Monsieur Baldwin?
TIMOTHY: C'est moi. Et vous, vous êtes qui?
ALAN: Votre futur bienfaiteur.
TIMOTHY: Tiens donc! Et vous allez m'annoncer quoi? Que je peux gagner un fer à repasser si j'achète trois de vos
encyclopédies? Désolé, mais la seule chose que je recherche pour le moment, c'est un emploi.
ALAN: C'est justement ce que je suis venu vous proposer.
Timothy le regarde, abasourdi.

SCENE 14: commissariat de Mosquito Bay

Un homme est en train de se servir un café et s'installe sur une des chaises du commissariat. Il prend ses aises et commence à déguster son café en sifflotant. Puis il ouvre un des tiroirs du bureau derrière lequel il s'est installé et fouille dans les dossiers. Tout d'un coup, on aperçoit un pistolet qui est pointé derrière sa nuque. C'est celui de Benjamin.
BENJAMIN: Pas un geste!
L'HOMME: Ouh là!
BENJAMIN: Vous avez intérêt à me dire qui vous êtes et de quel droit vous venez fouiller un commissariat de police si vous ne voulez pas finir en passoire!
L'homme se retourne brusquement et tord le poignet de Benjamin, qui lâche son arme.Il ramasse l'arme tout en maintenant Benjamin prisonnier. Il pointe l'arme vers Benjamin.
L'HOMME: On fait moins le malin à présent!

SCENE 15: salle de réunion, Wheldon University

Diane est à présent devant les membres du Conseil. Elle a du mal à se tenir debout et est plusieurs fois près de
défaillir. Elle est pathétique de faiblesse dans son tailleur bleu ciel mais fait tout pour paraître la plus digne possible.
NICK:Vous trouvez-vous des circonstances atténuantes, Diane?
DIANE: Non, je n'en ai aucune. Je me suis laissée prendre à mon propre piège. Mes sens m'ont perdue.
UNE PROF: Excuse bien facile!
NICK (à la prof): Drôle de façon de s'excuser que de déclarer que l'on ne mérite aucune circonstance atténuante.
LA PROF: Ca ne change rien! Ce qui est fait est fait!
NICK: Si vous ne cherchez pas à comprendre mademoiselle Vercel, pourquoi participez-vous à ce conseil?
LA PROF: Parce qu'on me l'a demandé!
DIANE: Puis_je aller me rasseoir?
NICK: Un instant, s'il vous plaît. J'ai besoin de savoir une chose. Une seule.
DIANE: Laquelle?
NICK: J'ai besoin de savoir pourquoi une jeune femme comme vous, venue tenter sa chance dans une prestigieuse
université américaine, sans l'aide de personne et loin de sa famille et de ses amis, pourquoi cette jeune femme a
enfreint en toute conscience une des lois les plus élémentaires de l'éducation.
DIANE (se tortillant, mal à l'aise): Si vous pouvez me donner la réponse...
ADAM (bas, à Kathy): Il parle vraiment très bien.
KATHY: Oui, il est épatant. C'est bizarre que Joy ne soit toujours pas là.
ADAM (captivé par ce qui se dit): Chttt!
NICK: Je crois connaître la réponse. C'est par amour que vous avez fait tout ça.
DIANE (faiblement): Non.
NICK: Si, Diane. Vous le savez bien.
SCOTT (se levant): Dis-leur, Diane! Dis-leur ce que ça représentait nous deux! Tu m'aimais!
DIANE (d'une voix soudainement forte, se retournant vers Scott avec un regard dur): Non!!

SCENE 16: commissariat de Mosquito Bay

Benjamin est toujours menacé par l'arme de l'inconnu.
BENJAMIN: Vous voulez quoi à la fin? Effacer des traces compromettantes?
L'HOMME: T'es nouveau dans le métier, toi! Je me trompe? T'as encore du lait qui te sort du nez!
BENJAMIN: Si vous saviez comme j'aimerais que du sang coule du vôtre!
L'HOMME: Et du cran en plus? On vous apprend à répondre aux preneurs d'otages à l'école de police? Tu n'iras pas loin avec ça.
BENJAMIN: Oui, mais le seul otage ici c'est moi et sachez que si je suis nul en diplomatie...(il lui donne un violent coup de coude dans les côtes) j'étais le premier de ma promo en kickboxing!
L'homme laisse tomber l'arme et a le souffle coupé. Cependant, il a le temps de la reprendre avant que Benjamin ne se soit rué dessus.
L'HOMME: Les réflexes laissent à désirer.
BENJAMIN: Qu'est-ce que vous allez faire de moi?
L'HOMME (lui lançant l'arme): Allez, range-moi ce flingue!
BENJAMIN (étonné, mais se ruant sur l'homme pour l'arrêter): Au nom de la loi je vous arrête!
L'HOMME: Arrêter son supérieur lors de son premier jour ici? Tu commences fort, mon garçon!
BENJAMIN (interloqué): Que...qui êtes-vous?
L'HOMME: Comment, je ne te l'ai pas dit? (il lui serre la main:)Marek Hounsfield, nouveau commissaire de Mosquito Bay.

SCENE 17: conseil de discipline, Wheldon University

DOYEN: Bien, il ne nous reste plus qu'à vous entendre, Scott. Qu'avez-vous à dire pour votre défense?
Scott ne bouge pas, il reste mutique, au fond de son siège.
ADAM (à voix basse): Vas-y, Scott.
Il ne répond pas. Travis et Adam ont beau essayer de le bouger, rien n'y fait. Il ne fait même pas attention à eux. Diane, assise sur son siège, le regarde avec étonnement. Elle semble peinée pour lui.
DIANE (pour elle-même): Tu ne comprends pas, Scott. C'était la meilleure solution. Pour toi comme pour moi.
TRAVIS (s'énervant): Tu vas te lever, à la fin? Essaie au moins d'être viré avec dignité!
NICK: Je crois, monsieur Beauchamp, que votre fils n'a jamais été aussi digne qu'à cet instant précis.
TRAVIS: Vous, fermez la!
NICK: Monsieur le doyen, il me semble que tout ce que nous avons vu et entendu cet après-midi reflète à la fois la clarté et la complexité de cette situation. Ces deux personnes s'aiment, c'est évident.
DOYEN: Ce n'est pas ce que mademoiselle Vercel nous a dit.
NICK: Non, c'est ce qu'elle essaie de nous cacher. Assez mal d'ailleurs.
AUTRE PROFESSEUR: Ce sera à nous d'en décider!
DOYEN: Bien, si monsieur Beauchamp n'a rien à nous dire, nous allons pouvoir nous retirer pour statuer sur ce cas.
Soudain Joy fait irruption dans la salle, sans avoir frappé, et s'avance vers le conseil sans y avoir été invitée. Elle semble très sûre d'elle.
JOY: Attendez!
DOYEN: Miss Harrison! Que faites-vous ici?
JOY: Vous devez m'écouter, monsieur.
DOYEN: Et pourquoi le ferais-je?
JOY: Parce que Scott est innocent!
Murmure de surprise dans la salle. Adam, Kathy, mais surtout Scott regardent Joy avec étonnement. Celle-ci sourit fièrement.

SCENE 18: commissariat de Mosquito Bay

Marek et Benjamin sont à présent l'un à côté de l'autre et épluchent les affaires en cours.
MAREK: Bon! Ben c'est pas très folichon tout ça! On s'ennuie toujours autant à Mosquito Bay?
BENJAMIN (riant): Toujours, oui!
MAREK: Pour un placard, ça c'est un placard!
BENJAMIN: Vous ne désiriez pas être muté?
MAREK: Qu'est-ce que tu crois? Que je suis ici pour mon plaisir? Je ne suis pas un p'tit gars de la région, moi! Je n'ai aucune raison d'être ici, aucune fiancée qui m'attend bien gentiment dans le village d'à côté.
BENJAMIN (rougissant): Ben moi non plus...
MAREK: Alors tu dois être le bourreau des coeurs de Mosquito. Je me trompe?
BENJAMIN: Heu...si on changeait de sujet?
MAREK: Si tu veux.
BENJAMIN: Il y a une affaire dont j'aimerais vous parler.
MAREK: On ne les a pas encore toutes survolées?
BENJAMIN: Eh bien...celle-ci a été classée sans suite par le commissaire Galloway juste avant son départ.
MAREK: Et selon toi il n'aurait pas dû?
BENJAMIN: Je ne sais pas. Quelquechose n'est pas clair. C'est juste une impression, rien de concret.
MAREK: Montre-moi ça. Je me méfie toujours des intuitions; elles sont bien moins subjectives qu'il n'y paraît.

SCENE 19: conseil de discipline, Wheldon University


Joy est en train de s'expliquer devant le conseil de discipline.
JOY: Tout ça c'est de la faute de cette mégère!
NICK: Mesurez vos propos, s'il vous plaît.
JOY: Je suis désolée, mais il me semble qu'il n'y a pas d'autre mot pour la définir. C'est à cause d'elle que Scott se retrouve ici, sur le banc des accusés, à jouer son avenir, et elle ne ferait rien pour lui éviter le renvoi. Alors que tout est uniquement de sa faute!
DOYEN: Il me semble que dans une relation normale les deux personnes sont consentantes.
JOY: Parce que vous appelez ça une liaison normale? Entre un professeur et un élève? Cela fait trois mois que Scott nous parle de Diane Vercel. Au début elle lui a demandé de plus en plus fréquemment de rester après la fin du cours; et quand on l'interrogeait, il nous disait qu'elle lui avait encore collé une sale note, ce qui l'énervait profondément. Puis il a fini par devenir de plus en plus soucieux. Une fois je l'ai interrogé, et il m'a dit que s'il voulait passer l'année supérieure, il devrait se plier au chantage de Vercel.
DIANE(se levant): Mais c'est faux!! C'est totalement faux!
DOYEN: Taisez-vous, Diane. Vous n'avez pas la parole.
JOY: Bon, ben j'ai demandé à Scott quel était ce chantage. Il m'a répondu que Vercel avait besoin d'un esclave sexuel, très jeune de préférence.
DIANE: Ordure!
JOY (se retournant vers Diane): Je suis désolée, mademoiselle, mais on ne peut pas se servir impunément des gens comme vous le faites. Scott a vécu dans la terreur pendant deux mois, il ne faisait plus rien avec nous, il passait ses soirées à réviser le français, de peur d'avoir encore de mauvaises notes et de devoir, excusez-moi l'expression, passer à la casserole. Ce qui ne vous a pas empêché de continuer à lui mettre les plus mauvaises notes de toute la classe. Alors il s'y est résolu. Je ne dis pas qu'après vous n'ayiez pas réussi à le rendre amoureux de vous, mais il n'empêche que cette liaison résulte purement et simplement d'un harcèlement sexuel.
KATHY (bas, à Adam): Si ce n'était pas pour Scott qu'elle fait ça, elle me donnerait envie de vomir.
DIANE (en pleurs): Vous n'allez pas croire à ce tissu de mensonges, tout de même?
DOYEN: Scott, qu'avez-vous à répondre à cela?
SCOTT (regardant Diane): Rien.
DIANE: Scott, tu ne peux pas les laisser me faire ça! Tu sais très bien ce qu'il en était! Je t'en supplie, Scott, dis-le leur!
Scott ne répond rien et détourne le regard. Dans les yeux de Travis brille l'étincelle de la victoire.
DOYEN: Personne ne contredit donc le témoignage de miss Harrison?
TRAVIS: Il semble bien que non.
DOYEN (la mine sombre): Dans ce cas je suis obligé de reconsidérer l'affaire. Monsieur Beauchamp,il apparaît que vous avez été vicitime de harcèlement sexuel, et donc que votre consentement est à remettre en cause... La procédure de discipline à votre égard est donc annulée.
DIANE (se levant, furieuse): Non, vous n'avez pas le droit! Enfin Nick, vous savez très bien que je suis incapable de faire ça!
NICK: Je suis désolé, Diane. Je ne peux plus rien faire.
Le conseil commence à se disperser. Diane reste sous le choc. Quand Scott passe devant elle, elle le retient par le bras et le traite de salaud en le giflant. Scott se dégage et sort sans rien lui dire. Le doyen s'approche de Travis.
DOYEN: Bravo, Beauchamp. une fois de plus vous vous en êtes tiré.
TRAVIS: Vous auriez dû m'écouter, mon cher. A l'heure qu'il est les travaux de réfection de l'université auraient déjà commencé.
DOYEN: Que voulez-vous? C'est narcissique, mais je n'aurais pas supporté de ne plus pouvoir me regarder dans une glace.
Joy s'apprête à sortir mais Adam la retient.
ADAM: Qu'est-ce que c'est que cette histoire?
JOY: Quoi? Tu n'es pas content pour ton frère?
ADAM: Tu sais très bien ce que je veux dire!
JOY: Eh bien, moi qui croyais que tu allais me remercier!
Elle sort. Kathy s'approche d'Adam.
KATHY: Ca va?
ADAM: Ouais...Tu crois qu'on aurait dû intervenir?
KATHY: On ne pouvait rien faire. C'était sa parole contre la nôtre. Et puis Vercel y serait passée de toute façon, alors que là au moins ça permet à Scott de s'en sortir.
Tous deux regardent Diane, totalement anéantie, qui pleure contre l'épaule de Nick. L'émotion les gagne eux aussi.
ADAM: J'espère qu'on ne le regrettera pas.

SCENE 20: un couloir de la Wheldon University

Joy est en train de se rafraîchir à l'une des fontaines du couloir. Elle est rejointe par Travis, qui est seul.
JOY: Bonjour monsieur Beauchamp.
TRAVIS: Ma petite Joy...je ne savais pas que tu étais pleine de ressources. Tu nous as tous bluffés tout à l'heure.
JOY: Vous venez pour me remercier?
TRAVIS: On peut dire que sans toi Scott serait déjà en train de démarcher pour trouver du boulot.
JOY: Si vous le dites.
TRAVIS: Je ne sais pas pourquoi tu as fait ça, en tout cas je te félicite.
JOY (le regardant dans les yeux): Je n'ai fait que dire la vérité, non?
TRAVIS: Mouais...je me demande vraiment ce que tu as derrière la tête.
JOY: Disons que j'ai fait ça pour Adam. Pour ne pas faire souffrir son meilleur ami.
Elle s'éloigne de Travis sans lui demander son reste. Ce dernier continue à l'observer, séduit par l'audace de la jeune fille. Joy s'apprête à sortir de l'université, déserte, quand Scott lui tombe dessus.
SCOTT: Attends! Avec moi tu ne t'en tireras pas comme ça!
JOY: C'est la journée des remontrances aujourd'hui! Ca m'apprendra à rendre service.
SCOTT: Qu'est-ce qui t'a pris de sortir de telles calomnies tout à l'heure? Tu sais pertinemment que tout était faux!
JOY: Et alors? Tu n'avais qu'à le dire, toi, que je mentais! Ce que je vois, c'est que tu n'as pas bougé le petit doigt pour essayer de sauver ta Diane chérie. Quelle belle preuve d'amour!
SCOTT: Arrête, tu ne sais rien sur ce qui s'est passé entre elle et moi!
JOY: Et alors? J'ai un ami dans le pétrin, je l'aide, qu'est-ce qu'il y a d'anormal à ça?
SCOTT: Tu vas me dire pourquoi tu fais tout ça.
JOY: Tu veux vraiment le savoir?
SCOTT: Oui.
JOY: Maintenant?
SCOTT: Tout de suite!
Alors Joy le prend par les épaules et le colle contre le mur. Elle l'embrasse fougueusement tout en lui mettant la main dans l'entre-jambes.
SCOTT: Tu es folle?
JOY: Me dis pas que t'en as pas envie!
SCOTT: On pourrait nous voir!
JOY: T'inquiète!
Elle l'entraîne dans les toilettes, juste à côté, tandis qu'elle continue à avoir les lèvres collées sur les siennes et à déboutonner sa chemise.

SCENE 21: appartement de Nick Simmons


Nick rentre dans son appartement. Il est visiblement épuisé et écoeuré par ce qui vient de se passer. Il s'affale sur son canapé et allume la télé. Timothy sort de la salle de bains. Il est en peignoir.
TIMOTHY: Alors, on a passé une bonne journée?
NICK: Pas fameuse, non. Et toi?
TIMOTHY: Ben, j'avais commencé à faire mes valises.
NICK: Quoi? Mais tu es dingue! Tu n'es pas installé depuis deux semaines et tu veux déjà partir!
TIMOTHY: Ben, je voulais tenter ma chance ailleurs. Je ne la sentais pas, cette ville. Mais attention, je ne pars plus, hein!
NICK: Qu'est-ce que ça veut dire?
TIMOTHY: Ca veut dire que j'ai trouvé un boulot!
NICK: Mais c'est génial, ça! Et où tu vas travailler?
TIMOTHY: Figure-toi que mon show devant les caméras de Canal 9 a pulvérisé les records d'audience! Après m'avoir viré comme un moins-que-rien, Beauchamp s'est vu obligé de m'embaucher, contraint par ses collaborateurs.
NICK: Quelle revanche!
TIMOTHY: Ouais, j'aimerais trop voir sa tête à ce type, quand on lui a forcé la main!
NICK: En tout cas je suis super content pour toi!
Il se lève et prend son ami dans ses bras.
NICK: Ca aurait été bête que tu t'en ailles.
TIMOTHY: T'inquiète, j'ai bien l'intention de profiter à fond de ma nouvelle carrière!
Nick ne déserre pas son étreinte, il met sa tête contre l'épaule de son ami, ce qui le met mal à l'aise.
TIMOTHY: Nick, à quoi tu joues là?
Nick se dégage de Timothy, visiblement il ne sait plus où se mettre.
NICK: Je suis désolé, Tim. C'est juste que je pensais que...enfin laisse tomber, c'est pas grave.
TIMOTHY: Nick, on n'est plus au lycée là. Tu crois que je suis bi, c'est ça?
NICK: Non, non...je me suis fait de faux espoirs, c'est tout. Je t'en prie, ne m'en veux pas! C'était juste l'euphorie du moment, j'ai juste cru que peut-être...
TIMOTHY: Tu sais très bien que quand on avait...enfin tu vois...c'était pour moi juste histoire de tenter une nouvelle expérience. Je suis désolé si ça représentait plus pour toi, mais je t'avais prévenu dès le début.
NICK: T'inquiète, c'est vieux tout ça. C'est que je me sens un peu seul et que le fait de te retrouver...je sais pas, ça a juste fait remonter quelques souvenirs. Mais on ne va pas se brouiller pour ça, ok?
TIMOTHY: T'es malade? Je tiens trop à toi en tant qu'ami.
NICK (ému): Merci mon vieux.

SCENE 22: commissariat de Mosquito Bay, la nuit

La pièce est plongée dans une obscurité quasi-totale, avec pour seules sources de lumière l'écran de l'ordinateur et une petite lampe posée dans un coin du bureau. Marek est en train de relire la déposition de Camilla et semble intrigué. Une carte de la région est étendue sur ses genoux et Marek consulte alternativement la carte et l'écran où est affichée la déposition en question.
MAREK: C'est vraiment très étrange...Il faut que j'en aie le coeur net.
Il décroche le téléphone et compose un numéro.
MAREK: Bonjour, j'aurais aimé parler à Camilla Rhodes...Je suis Marek Hounsfield, le nouveau commissaire de Mosquito Bay...Oui, c'est à propos de votre affaire.

SCENE 23: appartement de Diane Vercel (Mosquito Bay)

Diane est allongée sur son lit, en train de pleurer. Elle a la tête enfouie dans son oreiller. Elle se relève lentement. On voit que son maquillage a coulé, ses cheveux sont en désordre. Elle se dirige vers sa coiffeuse, où sont posés quelques produits de beauté et bouteilles de parfum. Elle regarde son reflet dans la glace, ce qu'elle est devenue.
DIANE: Je t'aimais!
D'un geste violent,elle renverse tout ce qui se trouve sur sa coiffeuse.

SCENE 24: appartement de Noleen Chapman (Mosquito Bay)

Noleen est au lit avec Travis. Ils viennent de faire l'amour.
TRAVIS: Heureusement que tu es là pour me faire oublier tous mes soucis.
NOLEEN: Je me suis fait une nouvelle amie aujourd'hui.
TRAVIS: Tant mieux pour toi. En quoi cela me concerne-t-il?
NOLEEN: Elle s'appelle Sonia. Sonia Wilder.
TRAVIS (surpris): Tu veux dire le docteur Wilder? Le psy?
NOLEEN (riant): Qui d'autre?
TRAVIS: Mais c'est parfait ça! Dis-moi, tu n'as pas perdu de temps.
NOLEEN (montant sur Travis): J'ai reçu des ordres très stricts.
TRAVIS: Alors? Tes premières impressions?
NOLEEN: Ca aurait pu être bien pire. Elle a à peu près mon âge, et en plus elle semble complètement paumée. En cinq minutes elle me voyait déjà comme sa meilleure amie.
TRAVIS: Une psy en quête d'affection? Je devrais tenter ma chance!
NOLEEN: Ne joue surtout pas à ce petit jeu! C'est moi qui m'occuperai d'elle. Toi tu ne t'en mêles pas et tu joues les maris éplorés, compris?
TRAVIS: J'espère que tu sais ce que tu fais.
NOLEEN: Ne t'inquiète pas: tant que j'assisterai ma chère amie Sonia, ta femme ne risquera pas de sortir de sa léthargie. Si tu quittes ton rôle, Sonia trouvera ça suspect. Je suis sûre qu'elle est moins naïve qu'il n'y paraît.
TRAVIS: Pourquoi tu fais tout ça pour moi? Tu sais très bien que je n'abandonnerai jamais ma femme ni sa fortune.
NOLEEN: On s'ennuie tellement à Mosquito Bay...(elle fait mine d'écarteler ses bras et commence à lui lécher le torse)que je crois que ça pousse les gens au vice!

SCENE 25: appartement de Sonia Wilder (Mosquito Bay)

Amber est en chemise de nuit, immobile, devant la psyché posée contre un mur de sa chambre. Elle regarde le miroir avec intensité. Elle contemple son reflet. Elle chausse des lunettes ressemblant à celles de Sonia, puis les enlève, puis les remet pour comparer. Elle adopte un ton très sérieux.
AMBER: Bonjour Sonia. Ta nouvelle vie te plaît?
Elle pense au visage de la vraie Sonia Wilder et essaie d'imiter ses expressions, ses attitudes. La caméra montre le visage, translucide, de Sonia à côté de celui d'Amber. La ressemblance est saisissante. Puis les deux visages se rapprochent et finissent par fusionner.
Amber est distraite par des bruits dans le couloir. Quelqu'un qui monte les escaliers. Elle reconnaît la voix de Nathan Brolin.
VOIX de NATHAN: Je suis désolé.Il y a eu une urgence de dernière minute.
Amber, intriguée, va vers l'entrée puis ouvre discrètement sa porte pour observer Nathan. Il parle à une femme qui tient un bébé dans les bras.
NOURRICE: Vous ne pouvez pas arriver si tard que ça, docteur. J'ai une vie à côté.
NATHAN: Puisque je vous dis que c'était une urgence. Ca ne se reproduira plus, ne vous inquiétez pas.
NOURRICE: En attendant, la prochaine fois que ça arrive, il faudra vous débrouiller avec quelqu'un d'autre qu'avec moi. L'hôpital m'emploie pour des horaires strictes!
Elle lui tend le bébé qui se met à pleurer. Nathan le réconforte en le berçant dans ses bras. Amber n'a rien perdu de la scène, qu'elle a observé avec intensité. Les pleurs du bébé résonnent en elle. Elle ne peut détacher son regard du petit Charlie.

SCENE 26: commissariat de Mosquito Bay


Camilla est assise à côté de Marek, qui lui montre la carte de Mosquito Bay et de ses environs.
MAREK: Il faut que vous vous souveniez avec exactitude de l'endroit où vous avez eu votre accident, miss Rhodes.
CAMILLA: Je me rappelle très bien. Mais c'est dur à situer sur une carte.
MAREK: Il n'y a pas un indice, quelquechose dont vous vous souvenez qui pourrait rendre la localisation plus facile?
CAMILLA: Vous pensez que ça a de l'importance?
MAREK: Si notre individu est dans le délabrement que vous m'avez décrit, non seulement il n'a pas pu partir bien loin mais il venait probablement d'une habitation des environs.
CAMILLA: Ou alors il venait de très loin...
MAREK: Souvenez-vous de son visage, de ce que vous avez ressenti en le voyant.
CAMILLA (mal à l'aise): Je m'en souviendrai longtemps.
MAREK: A quoi vous a-t-il fait penser?
CAMILLA (les yeux fermés): Je ne sais pas...à quelqu'un qui a peur...à une bête traquée.
MAREK: Vous voyez! Cet homme avait peur, il se savait poursuivi, à mon avis par quelqu'un de beaucoup plus proche qu'on le pense. Peut-être que son assaillant a eu peur en voyant la lumière de vos phares...
CAMILLA: Vous me semblez bien passionné par mon histoire.
MAREK: Ce n'est pas ce que vous vouliez?
CAMILLA: Si, au contraire. Ca fait du bien de se savoir écoutée, ça procure un sentiment...de sécurité.
MAREK (plaisantant): La maréchaussée est là pour ça.
CAMILLA: Donc vous pensez que l'enjeu se situe juste à côté du lieu de mon accident?
MAREK: Ce serait en tout cas une piste facile à exploiter pour un début, non?
CAMILLA: Il y a bien la cabane de la vieille Abercrombie, mais je doute que...
MAREK: Attendez! La vieille Abercrombie vous avez dit? J'ai vu plusieurs dossiers à son nom.
CAMILLA: Ca ne m'étonne pas. Cette femme est une vraie paranoïaque!
Marek consulte son ordinateur.
MAREK (cherchant): Abercrombie...Abercrombie...Voilà! Si je compare son adresse à la carte...Bingo!
CAMILLA: Quoi?
MAREK: Vous êtes sûre d'avoir eu un accident à côté de chez elle?
CAMILLA: Certaine, mais cette femme n'est dangereuse que par ses paroles et...
MAREK (lui montrant la carte): Regardez! Si l'on considère que c'est ici que ça s'est produit, cela veut dire que l'homme s'enfuyait soit de chez elle...soit du manoir Beauchamp!
CAMILLA: Oh non, le manoir est beaucoup plus loin que ça.
MAREK: La demeure oui, mais à ce que je vois le terrain semble immense. Et ses limites jouxtent de la maison de votre chère vieille dame.
CAMILLA: Mon dieu, mais c'est vrai! Vous pensez que...?
MAREK: Je ne pense rien pour l'instant.
Ils restent perplexes.
CAMILLA: Bon...je crois que je vais rentrer chez moi. Vous me tiendrez au courant?
MAREK: Bien sûr. Je pense même que j'aurai besoin de votre aide; journaliste, flic, tout ça n'est pas si éloigné!
Camilla le regarde d'un air intrigué et sort.

SCENE 27: devant le commissariat (extérieur nuit)

Dehors il pleut et l'orage gronde. Camilla regagne sa voiture et démarre. Un peu plus loin se trouve une femme vêtue d'un imper, les cheveux trempés, dont on ne voit que la silhouette. Elle observe Camilla, attend qu'elle soit partie. Alors elle s'avance vers le commissariat.

SCENE 28: commissariat de Mosquito Bay

Marek reste pensif. Il est là mais son esprit semble ailleurs. Il ne voit pas la silhouette de femme dans l'embrasure de la porte. La femme avance sur le plancher, qui se met à grincer. Surpris, Marek se retourne. A ce moment là rugit le tonnerre et un éclair illumine la silhouette.
AUDREY: Bonjour.
 
 

...FIN DE l'EPISODE 2...

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